Les banlieues, ça va
pas mieux
Rien ne semble aller mieux dans les banlieues. Une
mission d'information transpartisane sur les quartiers en difficulté, présidée par le sénateur Pierre André a pondu un rapport, dont les principaux enseignements
ne sont, à première lecture, pas fulgurants :
- les émeutes, c'était marginal ;
- certains endroits, comme Vaulx-en-Velin, vont mieux grâce à une politique de la ville efficace (grands espoirs dans l'ANRU de Borloo ; c'est vrai que l'urbanisme, c'est fondamental);
- l'école a décroché ;
- le développement économique est la clé.
On peut toutefois saluer le fait que le rapport cible
particulièrement la Seine-Saint-Denis, sur lesquels les efforts doivent
être concentrés [vous vous rendez compte : la Seine-Saint-Denis, avec
un PIB équivalent à celui de la Grèce, est le 2ème département le +
riche de France...et en même temps celui où l'on trouve le + de
personnes vivant sous le seuil de pauvreté..!].
On peut aussi applaudir qu'un sénateur UMP prône la création d'une véritable police de proximité, avec moyens et pouvoirs, représentative de la société dans toute sa diversité.
Je
félicite aussi la mission d'avoir souligné la nécessité d'attirer les
fonctionnaires les plus aguerris dans les quartiers difficiles.
[On peut entendre le sénateur Pierre-André, rapporteur de la
mission, présenter
son diagnostic et ses conclusions ici. Un gars de 60 ans pour une approche nouvelle des banlieues, ça me laisse a priori sceptique ; mais le bougre a du coeur, cela se sent, et ne se cache pas derrière la langue de bois]
La grosse emmerde, c'est que le rapport annuel que l'Observatoire national des zones urbaines sensibles adressera vendredi aux parlementaires est alarmant :
- un taux de chômage (22 %) deux fois supérieur à la moyenne nationale, et qui a progressé de 2 points entre 2003 et 2005 alors qu'il était stable sur le reste du territoire ;
- 42% des jeunes en recherche d'emploi ;
- seule la moitié des diplômés du supérieur résidant dans ces zones accède à des postes de cadre ou de catégorie intellectuelle supérieure (alors que dans les autres quartiers, la proportion est de 2/3…).
- même le bilan des zones franches est mitigé : si le nombre d'entreprises créées dans ces zones a augmenté de 9%, la moitié d'entre elles n'emploie aucun salarié…
Une nuance à ces constats assez sombres : les 2 rapports n'ont pas pu véritablement prendre en compte ce qui a été fait depuis les émeutes. Mais bon, pas sûr que grand-chose de concret n'y ait été fait...(en tous cas quand je lis le Bondy-Blog ou quand je cause à droite à gauche...).
Ok, le collectif ACLEFEU a présenté le 25 octobre les doléances (petit reportage ici) recueillies après un long tour de France des quartiers. Ces doléances, si elles portent un certain espoir dans la pression qu'elles peuvent mettre sur les responsables politiques pour que la France des banlieues soit une donnée importante du débat électoral (chapeau, d'ailleurs, à Guy Sorman pour avoir considéré dans le dernier Ripostes que l'intégration des banlieues était le problème n°1 que la campagne présidentiel devait traiter), sont hélas illisibles telles qu'elles sont présentées sur leur blog et paraissent si idéologisées qu'elles décrédibilise certaines revendications concrètes et légitimes…
Jusqu'ici tout va bien, évidemment, mais mon petit doigt me dit que ce
ne sont pas d'un Grenelle, de ZFU ou de doléances illisibles qu'elles ont le plus besoin. Nos banlieues regorgent de talents
et de créativités, exploitons-les , par de véritables clusters pour valoriser l'immense potentiel qu'elles représentent.
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