La France se situe tout en bas des classements internationaux relatifs à la confiance envers autrui, dans les
conditions du succès dans la société et dans les
institutions du pays.
Le blog d'un économiste du travail relatait récemment les enseignements d'un colloque organisé par le Cepremap et Daniel Cohen: un travail intitulé "La société de défiance : comment le modèle social français s'autodétruit ?" y était présenté. Il raconte aussi les éléments essentiels de la discussion qui a suivie, menée par Olivier Blanchard (MIT) et Pierre Rosanvallon (Collège de France).
On apprend par exemple que plus d'un Français sur deux considère qu'il est nécessaire d'être corrompu pour arriver au sommet ; seuls la Russie, la Pologne et le Japon font pire !54% des Français déclarent n'avoir pas confiance en la justice...
Surtout, selon les auteurs, c'est la construction d'un modèle social assis sur le statut et le particularisme qui serait responsable de cette méfiance, en partie en raison des jalousies que ces particularisme sociaux suscitent. Ainsi, il faudrait réformer en profondeur notre modèle social en favorisant une redistribution plus universaliste, en ouvrant les secteurs protégés, en supprimant l'oligopole de fait de cinq syndicats... Ceci rejoint exactement les constats et préconisations de Timothy B. Smith dans la France injuste (très bonne synthèse par Pierre Bilger ici). Quand on pense que l'universalisme (c'est-à-dire l'équité) était précisément le but recherché par la réforme Juppé des retraites et qui a précipité sa chute...
Lisez-le, c'est vraiment instructif, ça ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
Ayant milles autres sujets de préoccupation , je me contente du billet de P.Bilger effectivement fort bien fait.
Et je reste fort dubitatif devant ce genre de critiques anglo-saxonnes du modèle Français, critiques rabachées sur tous les tons et qui ne semblent éprouver de l'interêt que pour un seul modèle - le leur - ... ce qui est tout de même un peu court...
J'observe également qu'il n'est fait aucune allusion au renforcement de la formation professionnelle continue, seule issue pour éviter l'aliénation et la paupérisation de nombreux citoyens.
Ah ces libéraux donneurs de leçons ! Ils sont décidemment très idéologues et très théoriciens, finalement peu soucieux du résulat global et à moyen long terme, presque qu'exclusivement centrés sur l'économique et peu affectés par une misère qu'ils se refusent d'observer avec objectivité. Pas très malin tout çà !
Rédigé par : petit jardin | 12/10/2007 à 01:35
petit jardin,
Ces critiques se fondent sur des données comparées. L'idéologie est certes partout, mais les thèses vantant les mérites des systèmes universalistes se fondent sur des faits observables, pas de simples lubies. EN gros : nous prétendons avoir un modèle de justice sociale. Or notre système redistributif est profondément injuste. Nous prétendons que notre Etat nous prémunit de la loi de la jungle...or les indicateurs de confiance sont terriblement faibles.
On fait comme si ça n'existait pas pour le plaisir de ne pas courber l'échine sous la pression anglo-saxonne néolibérale?!!!
Tu as du par ailleurs lire en diagonale le billet auquel je fais référence. Car on peut notamment y lire :
"Quatrième thèse: il faut réformer, en particulier en favorisant une redistribution plus universaliste [...], sécuriser les parcours professionnels, supprimer le monopole (ou plutôt l'oligopole) de fait de cinq syndicats qui sont les seuls à être représentatifs, cette représentatitivité étant un héritage de l'immédiate après-guerre mais n'ayant plus de raison de subsister."
Pour combattre l'idéologie que tu veux combattre, ne sois pas toi-même idéologue en lisant de manière biaisée!
Pour finir : en quoi préconiser une sécu universaliste plutôt que corporatiste manifeste-t-il en soi un mépris du global, du long terme et de la misère?
Rédigé par : Charles | 12/10/2007 à 17:31
Oui mais de la parole aux faits il y a un gouffre. Ce que j'observe de la pratique gouvernementale actuelle et de ses priorités me donnent à penser qu'on se préoccupe plus d'affaiblir les corps intermédiaires au lieu de les renforcer en partageant les objectifs d'une réforme néccessaire.
La sécurisation des parcours professionnels, pourquoi attendre pour la placer au premier plan alors que c'est probablement l'axe sur lequel pourra pivoter l'ensemble des réformes en créant un cercle vertueux compris par une très large majorité ?
Hélas le pouvoir actuel est tout sauf habile et intelligent : on ne donne pas de perspectives positives à la société en commencant par réduire les prestations sociales et en reduisant l'impôt des nantis. On ne rétablit pas la confiance en parlant de l'archaïsme des syndicats. On ne fait pas avancer la société à coup de bâton. La droite libérale s'écoute parler et prend celà pour un dialogue. Elle échouera en faisant des dégats.
Rédigé par : petit jardin | 17/10/2007 à 10:47
petit jardin,
pas un seul mot, ni dans mon billet ni dans mon commentaire, sur le gouvernement et ses pratiques. Juste des réflexions. Merci de ne pas t'écouter parler non plus.
Rédigé par : Charles | 17/10/2007 à 10:57
Tous les régimes qui se sont fondés sur une tentation totalitaire ont cherché à briser la confiance et la remplacer par la méfiance généralisée entre citoyens. La république n'y a jamais vraiment échappé, qui a prousuivi le travail de sape de l'ancien régime, qui veut qu'une seule caste domine un peuple divisé.
Rédigé par : Charles' | 17/10/2007 à 16:58
A mon sens, c'est surtout le problème de confiance en l'avenir qui est le plus révélateur, qui renvoie à un problème de confiance en soi, qui de mon 'petit point de vue' est lié au fait que nous soyons bombardés d'idéologies bridant ou brisant l'initiative individuelle, à l'école et dans les médias notamment...
Rédigé par : Gemini | 25/10/2007 à 15:30