TF1 inspirerait-il à ce point la campagne électorale de 2007? Combien valent des promesses de droite? 50 milliards? Non 35 milliards estime lui-même Nicolas Sarkozy. Et celles de gauche? 50 milliards aussi: un partout, la balle au centre, lequel n’a pas encore émis ses promesses de campagne.
Le débat sur l’estimation des programmes n’a jamais été autant d’actualité que cette année. Dans la foulée du rapport sur la dette de Michel Pébereau, l’Institut de l’Entreprise avait décidé de chiffrer les programmes de la campagne présidentielle et d’engager le débat.
Prenons un exemple dans le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal, la proposition n°32: "Créer une allocation autonomie pour les jeunes sous condition de ressources avec un contrat pour faciliter les études et l’entrée dans la vie active".
Débat2007 évalue le coût de cette mesure à 3 Md€ minimum et indique une fourchette haute de 10 Md€. Cette évaluation indépendante est tout à fait salutaire puisqu’elle permet d’établir une référence pour le débat. En l’occurrence, elle ne semble pas prendre en compte l’idée d’une contrepartie.
Lors de son discours à Villepinte, cette proposition avait été présentée en ces termes: "Je m'engage, pour les jeunes sans ressources et qui vivent, de plus en plus nombreux, dans la précarité, je m'engage à créer une allocation d'autonomie et d'entrée dans la vie active (ndla : à ces mots, l’assemblée est en liesse, surtout sur la gauche où se trouvent les jeunes de la Ségosphère et du MJS) ; laquelle allocation leur sera versée en contrepartie d'une obligation de formation sérieuse, d'une recherche active d'emploi et, pour les étudiants, dans le cadre de l’émergence d’une société solidaire, d'heures de soutien scolaire auprès d'élèves en difficulté qui seront validés dans les UV universitaires (ndla : applaudissements…)."
Souvenons-nous : lorsque Michel Rocard avait mis en place le RMI en 1988, il affirmait déjà qu’il devait "être étroitement lié à un effort d'insertion". En termes chiffrés, nous connaissons le résultat:
Ce qui amène d’ailleurs aujourd’hui Ségolène Royal à "encourager, enfin, le passage du RMI au travail" en donnant "raison à ceux qui, comme l'association Emmaüs, demandent depuis longtemps la création d'un Revenu de Solidarité Active".
Qu’en serait-il donc de cette nouvelle allocation d’autonomie, puisque "chaque nouveau droit devrait aller de pair avec des devoirs"? Le versement de l’allocation serait-il suspendu si, par exemple, l’allocataire étudiant ne dispensait pas ses heures de soutien scolaire? Ou si sa prestation n’apportait rien à l’élève en difficulté? Le professeur en charge de valider l’UV universitaire en assurerait-il le contrôle? Hum hum… le diable est dans les détails.
J’applaudirais le rétablissement d’une forme de méritocratie mais j’en doute.
Pas simple de chiffrer une telle mesure tant son coût dépendra de sa mise en œuvre. Il est toutefois évident que si, comme l’annonce Ségolène Royal, devoirs et droits devaient aller de pair, le coût de cette allocation serait bien mieux maîtrisé et l’allocataire moins incité à s’enfermer dans la précarité. Serait-ce ça un "cercle vertueux"?
Vous en voulez un vicieux? Regarder la mesure n°30: "Adopter une loi de programmation pour redonner à nos universités les moyens de l’excellence. En 5 ans, la dépense par étudiant sera portée au même niveau que la moyenne des pays de l’OCDE". Serait-on à ce point sans idée et projet que le seul qui reste soit de simplement dépenser plus?!
Alain Lambert a beaucoup insisté, ces derniers temps, sur la vacuité de ces querelles de chiffrages. Il préconise un cadrage. En effet, il est notamment stupide de chiffrer toutes les mesures des projets alors qu'on ne sait pas quel sera le tempo de leur mise en oeuvre.
Cf ce billet ou cet autre .
Cette opinion est aussi celle d'Eric Besson (cf les termes de sa lettre de démission).
Il est salutaire que, dans le contexte de notre dette, la question de la faisabilité émerge. Mais elle est utilisée de manière totalement contre-productive.
Rédigé par : Charles | 28/02/2007 à 09:43
J'ajoute : c'est pas "on" qui est sans idées et sans projet précis pour l'Université.
C'est Royal et Bayrou, qui n'abordent la chose que sous l'angle des moyens.
Bayrou a vaguement évoqué l'autonomie et la revalorisation des carrières des profs (via leur responsabilisation), mais n'a donné aucun contenu à la nouvelle gouvernance qui doit être mise en place (alors que lui-même la considère comme une question cruciale...typique du Monsieur).
Tandis que Sarko a été très précis à Saclay.
Rédigé par : Charles | 28/02/2007 à 09:58
en attendant pour les universités dans lesquelles des cours sont annulés par manque de crédits, les frais d'inscription démultipliés, les bâtiments, salles et amphis en piteux états etc, etc... je ne crois pas que le plus urgent soit la gouvernance mais plutôt les finances.
"l'allocataire moins incité à s'enfermer dans la précarité", je ne suis pas sur que le RMI incite à la précarité. il me semble que ce sont des raisons personnelles (difficultés sociales, histoires lourdes...) et la difficulté pour certains de s'insérer dans l'espace du travail qui poussent à la précarité.
sinon entièrement d'accord sur le chiffrage des mesures qui ne rime à rien si il n'est pas mis dans le contexte d'un projet et d'objectifs politiques globaux.
Rédigé par : kramp | 01/03/2007 à 13:20
Bonjour,
Je suis pour l'allocation d'autonomie mais j'rai encore plus loin, avec le SDV (salaire de vie)
Mon site où apparaît le principe du SDV, ce n'est qu'une ébauche d'un concept de société mais j'y crois!
http://www.e-monsite.com/sdviste/rubrique-1018162.html
Rédigé par : BARON | 08/03/2007 à 19:23
Mr Kramp, il faut réfléchir avant de parler et de lancer des petites phrases laconiques...
Un RMI vaut 760 euros pour une famille de 4 personnes...
Pensez-vous que ceux dans cette situation aiment ce style de vie potentiel et que l'on puisse même vivre avec une telle somme !
C'est une honte de proposer une telle somme pour suppléer aux carences de l'emploi dont souffrent tant de familles en état de précarité installée et voulue par un système occulte organisant une paupérisation afin qu'un jour ayant épuisé le recours aux pays dits du tiers monde puisse alors revenir vers une population demandeuse...
Nivellement par le bas sans humanité et nul n'est potentiellement épargné....
Rédigé par : Messager | 09/03/2007 à 23:35
@Messager: "et nul n'est potentiellement épargné..."
Je constate que votre générosité n'est pas exactement désintéressée.
Rédigé par : Nicolas Pochez | 10/03/2007 à 00:56