Bonne année! Ayez la force, l’intelligence et la
chance avec vous pour que vos vœux se réalisent…
J’aimerais, personnellement, que 2007 soit l’année de
l’ouverture.
Ouverture des yeux :
que nous regardions en face les défis du futur (environnement, solidarités et
intégrations, innovation pour une croissance forte et durable, renouvellement
de la classe et des pratiques politiques…), auxquels nous ne pourrons nous
soustraire –à moins qu’après nous le déluge…
Ouverture des esprits :
que nous osions dépasser les clivages et la défense de nos pré-carrés
respectifs. Si nous avons tous une histoire, un parcours, des références, qui
nous amènent à nous positionner quelque part, il me semble que l’appartenance à
un camp (ou la non appartenance, d’ailleurs…) relève bien souvent de logiques identitaires que de véritables hiatus d’opinions,
de valeurs, de convictions.
Ouverture des langues :
lorsque nos valeurs diffèrent, il est bon de l’assumer et le dire clairement. A
quoi bon débattre, échanger, parler, si nous n’évoquons que, par des termes
généraux et vagues, des valeurs consensuelles ? C’est ainsi que les
extrémistes peuvent prétendre monopoliser les «vrais» débats (et
encore, attention à la normalisation de Le Pen…). A ce rythme, tout va péter.
Alors en 2007, on arrête la vraie langue de bois, on entarte
les endormeurs, on s’emballe dans
l’allégresses de nos différences assumées, car c’est lorsqu’on sait ce qui nous
distingue qu’on peut travailler sur ce qui nous rapproche, négocier. La démocratie ne vit pas du con mais du dissensus.
Ouverture des
fenêtres et des portes. J’aimerais aussi que cette année soit le moment
d’un fort appel d’air à tous les niveaux. En effet, notre société sclérosée
étouffe et menace chaque jour un peu plus d’imploser. L’urgence écologique
semble s’être imposée à un très haut niveau du débat, mais la pagaille des vœux
ne nous annonce hélas rien de nouveau sous le soleil -qui brûle de plus en plus
fort.
- Royal (Madone filmée dans le style des Dogmes, qui ne dit rien dans le fond sur une forme nouvelle, ça vaut son pesant de cacahouètes oxymorées), Sarko (au moins lui n’a pas essayé de nous en mettre plein la vue !) = Royal et Sarko, avec un léger manque de punch pour ce dernier selon moi.
- Chichi qui n’a pas encore expiré son dernier souffle, loin s’en faut…
- Et, au pif, Voynet qui passe plus des 2/3 de ses vœux à expliquer pourquoi les militants écolo ne recevront plus la traditionnelle carte de vœux…
Décidemment, c’est pas gagné.
Alors, il est où le nouveau souffle ? Dans un numéro « hors
série » du Politic’Show sur "La politique (de) demain. Quels enjeux ? Quelles problématiques ? Quels nouveaux clivages politiques, demain ?",
Nicolas Voisin a fait parler ses supposés "représentants", sur un yacht autour d'un dîner trois étoiles. Pour un résultat hélas pas différent des riches enseignements qu'on tire d'un débat politique télévisé (mal mené car pas cadré) lambda : chacun voit midi à sa porte...
Les jeunes politiques sont comme leurs aînés, sans le langage techno. On défend son petit bout de gras, sa posture, son positionnement (sauf Razzy Hammadi, qui s’est apparemment plus occupé d’enquiller les verres et de lutter pour ne pas déposer une galette sur les genoux de Quitterie Delmas…). Résultat, les représentants de la « jeune société civile » ne leur font pas plus confiance pour demain qu’hier.
On est mal, je vous laisse en juger.
- Solère (responsable des blogs à l’UMP) ? Un UMP, qui parle djeun’s : le défi de la politique pour dans 20-30 ans ? Réhabiliter le travail par rapport au capital ! J’ai du mettre du gel tant ça a décoiffé.
- Le dircab de Le Pen : apparemment très intelligent et malin, la Nation serait l'enjeu de demain…
- Razzy Hammadi (président du MJS) a fait du MJS traditionnel avec, pour le côté djeun’s, une très forte alcoolémie -la bouche pâteuse et le regard vitreux qui va avec…
- Avec Anne Le Strat (écolo du 18ème), bien loin d’être incompétente, le président des Jeunes radicaux est celui qui m’a fait la meilleure impression (ses rares prises de parole y étaient peut-être pour quelquechose) : pour lui, le défi de la politique à venir est de développer une vision à long terme…
Je n'évoquerai pas le fait que le débat n'était pas cadré et que le fond en a pâti, que le côté Ardisson-Faubourg Saint Honoré est agaçant et dérangeant, qu'un débat politique filmé comme une succession de clips n'est pas du meilleur effet, que la spécificité de la télé sur Internet semble encore loin d'avoir fait ses preuves (cf par exemple ce bilan/programme)...
2007 démarre donc bien mal, alors que le temps presse. Mais 2007 n’est qu’un début et n’a pas besoin d’être
l’année de tous les changements. Elle doit être celle du sursaut… Si,
déjà, on passe d’un rejet aujourd’hui patent à la mise en exergue de quelques
changements précis (dans la pratique politique comme dans les projets de fond),
on aura fait un pas.
Un dernier voeu, donc, pour la route : que la nouvelle politique développe des labellisations plus que des nouveaux partis : qu'on avance des plateformes communes entre différents groupes (de la société civile) partageant des objectifs et intérêts, afin de faire en sorte que les regroupements s'effectuent hors des partis (et de leur appétence génétique pour le pouvoir et la conservation de celui-ci) sur la base d'un projet précis, de mandats clairs.
La politique des projets, la politique à la carte selon les échéances, et non pas l'affiliation des pieds à la tête à une doctrine et un groupe, voilà ce en quoi je crois pour demain.
Je vois que l'esprit "Bisounours" vous gagne ;-).
Plus sérieusement, je vous félicite pour ces voeux dont je partage l'essentiel des points.
Votre ressenti sur le podcast est assez juste, Il est bon de préciser que pour les intervenants et les metteurs en scène, c'était une expérimentation.
Ce qui prouve bien que le débat politique est très souvent faussé par la présence des médias.
En off, les discussions sont faciles et constructives. Une caméra, un journaliste, les jeux de rôles s'installent et les combats de coqs peuvent commencer.
Si nous passons autant de temps à vouloir changer les choses, il me semble qu'améliorer la forme du débat médiatique est un préalable pour les jeunes engagés en politique !
Année 2007 créative, intense et réformatrice à tous !
Si nous avons l'occasion de mieux nous connaître, je pense que vous découvrirez que je suis bien loin d'être une bisounours ;-). Mais pour cela, on a le temps !
Rédigé par : Quitterie | 04/01/2007 à 23:40
100% ok avec vous (je m'aligne mais, étant sur le web et djeun's, je vous invite à ne pas hésiter à me tutoyer...) : la politique de demain, c'est aussi inventer de nouvelles formes médiatiques pour le débat politique.
Voisin ne me semble pas avoir voulu du nouveau : cadre à la Ardisson, débat pas mené et pas de grande rigueur pour forcer les invités à coller au sujet de l'émission ; il s'agissait de "quelle politique demain", pas "quel programme pour 2007" ! Je suis méchant, car la publication de votre interview en coulisses où vous exprimiez votre déception était, elle, fort instructive ; cette réaction comme un espèce de off instantané, c'est une piste à creuser.
Par ailleurs, mes passages dans les espaces militants me font penser qu'on n'obtiendra jamais dans ces cercles des oreilles et des esprits grands ouverts. L'enjeu identitaire doit être trop important pour certains : si j'admets que les idées de l'"autre camp" sont bonnes, je risque de n'être plus rien...
Je crois donc que la nouvelle forme du débat politique doit favoriser les échanges interactifs entre un "politique" et des citoyens lambda non triés sur le volet (styles tchat de débat 2007). Et, si l'on est dans un "débat" entre engagés de différents camps, être extrèmement ferme en ne laissant aucun monologue s'installer. Là-dessus, les espoirs sont permis : un "journaliste citoyen" du web a en principe beaucoup moins à perdre qu'un journaliste "traditionnel" à brusquer un politique en ne le laissant pas s'installer dans le sophisme. J'écris bien "en principe".
Mais pour ça, il faut des c..., la compétence pour mener un débat, la connaissance des dossiers et une éthique de la neutralité...
[Là, c'est peut-être moi le Bisounours!, car ce que je viens d'écrire est déjà valable pour les journalistes, et un bloggueur politique a un intérêt à disposer d'un accès privilégié à un politique...]
Si déjà votre idée de plutôt rassembler la jeune génération autour d'un jambon-beurre dans un troquet prenait forme, ce serait un pas qui aiderait probablement à un fond plus authentique.
Bref, tout reste à inventer et à faire!
Rédigé par : Charles ANDRE | 05/01/2007 à 12:00