Il y a un an, Pascal Sevran écrivait qu'il fallait couper la bite des noirs. Ou au moins stériliser la moitié de la planète. Comme ça plus d'enfants africains, plus de famines, plus de pauvres, plus de guerre ; peace and...prosperity, en somme. C'était dans son dernier livre -publié il y a un an, je le répète. Onze mois plus tard, et un ralliement à Sarko entre temps, le microcosme se déchaîne. Ca m'étonne et ça m'énerve.
Franchement, les opinions politiques de Sevran, je m'en balance. Ses livres, encore plus. Qui, d'ailleurs, en a quelquechose à foutre de ce que Pascal Sevran raconte? Donc peu de raison d'écrire à son sujet ni à celui de son dernier écrit.
Mais voilà, la récupération politique raz-des-pâquerettes contre les saillies de celui qui fit jadis le bonheur de la ménagère désoeuvrée de plus de 50 ans est passée par là. Ajoutez à cela les hurlements indignés d'un donneur de leçons bon marché, et je passe le cap du dédain pour réagir. Même si Sevran, persistant et signant, donne la verge pour se faire battre, il m'est difficile de ne pas furieusement m'étonner de ce déluge de résistants de la dernière heure.
Selon Guy Birenbaum le vénèr (accompagné d'une personne qui semble se demander ce qu'on attend pour foutre le feu), donc, Monsieur Sevran doit rendre des comptes pour ses propos, puisqu'il perçoit des subsides issus de la redevance audiovisuelle. Ces braves actes de résistance tardive à risque zéro m'agacent au plus haut point. La palme revient à France Soir, qui a sobrement titré "Heil Sevran" en guise de couverture de l'affaire (à la une s'il-vous-plaît...au moins on n'est pas là dans la dictature de l'instant !). Je salue toutefois légèrement Pierre Assouline, qui l'attaque par le clin d'oeil vaguement humoristique : "depuis un an que ce livre circule à des dizaines de milliers d’exemplaires, nul ne s’était étranglé sur ce passage, ce qui renseigne déjà sur l’état de ses lecteurs".
Je vous laisse seuls juges des propos de Sevran qui relèvent plus des brèves de comptoir que de l'affaire d'Etat. Ce que je pense, c'est qu'on s'en fout. Et que, tout simplement, Sevran ne fait ni plus ni moins que du Malthus en 2006. C'est mal et c'est con -surtout que, personnellement je n'ai pas hyper envie de vivre dans un monde de grabataires. Mais va-t-on arrêter d'enseigner les mathusianisme en cours d'économie? Non. Alors, plutôt que de pousser ces cris stridents de pucelle effarouchée, pourquoi ne pas tout simplement démonter le discours de Sevran?
Stériliser les pauvres pour éradiquer la famine et contrer l'épuisement des ressources naturelles, voilà son projet. Du copié-collé de Malthus (dont les considérations démographiques ont d'ailleurs de nombreux points communs avec les rendements décroissants de Ricardo...), écrivais-je. Pourtant, plus de 200 ans après les prédictions de Malthus, la famine généralisée n'a pas eu lieu. Si les ressources s'épuisent aujourd'hui, c'est peut-être au niveau pétrolier. Or je ne suis pas certain, vraiment pas certain, que ce soient les Africains -quelle que soit la taille de leur attribut- qui soient les plus voraces consommateurs de pétrole. Donc les stériliser ne résoudrait rien à rien. Point.
Et puis la tendance étant à la baisse du taux de natalité, le renouvellement des générations devient de plus en plus problématique. Monsieur Sevran est-il misanthrope au point de souhaiter la fin de l'Humanité? Libération est déjà en voie de disparition, ça devrait suffire. Que le monde est injuste : quand je vois la couverture de l'évènement par France Soir et l'horrible Olivier Rey, j'ose penser que la France irait mieux si c'était plutôt ce dernier quotidien qui passait l'arme à gauche...
Par ailleurs, n'oublions pas que sans la famine, la variété française aurait été amputée d'un de ses plus grands monuments :
Surtout, pourquoi toujours répondre sur le terrain infalsifiable de la morale quand une argumentation rationnelle suffit (ou devrait suffire : je ne prétends surtout pas avoir épuisé les voies de la "rationnalité" anti-Pascal Malthus) à disqualifier un discours ? Comme pour le Pen, je crois que les apôtres de la bien-pensance et de la pénalisation des discours devraient comprendre que le terrain sur lequel ils combattent renforce leur adversaire : c'est parce que je dis la vérité, c'est parce que je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas ("Ah ces Africains, des vrais lapins. S'ils savaient tenir leur verge, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes"), qu'on veut me baillonner.
Oui, il faut accepter de mettre les mains dans le cambouis et
répondre sur le même plan que le discours que l'on veut discréditer. Ca
ne rend pas complice, ça rend tout simplement tout le monde moins con,
en partant du principe que tout un chacun peut séparer -avec ses
propres valeurs- le bon grain de l'ivraie à partir du moment où il dispose des arguments rationnels nécessaires.
Des
postures morales, tout le monde peut en prendre. En revanche, on n'a
pas toujours le temps et la connaissance des sources pertinentes pour
une analyse critique et argumentée d'un discours... Donnez aux gens les
moyens de se forger leur opinion aux-mêmes plutôt que prétendre leur
livrer une éthique clé en main, ayez foi en l'Homme, bon sang !
Moati l'a compris par exemple, laissant Le Pen parler tranquillement et lui faisant ainsi perdre une bonne partie de sa gouaille. Pour les autres "commentateurs autorisés", ya encore du boulot. La morale est une affaire personnelle ou de philosophes. Les journalistes devraient s'en débarasser.
Pascal Sevran vient de se faire virer de l'A.A.B.P. suite à ses propos plus que douteux.
C'est expliqué sur le blog www.thedino.org
Bisous,
Rédigé par : Dino | 11/12/2006 à 22:31
Pascal Sevran, avant de se faire virer, avait aussi présenté ses excuses. Je précise qu'il ne s'agit pas là de défendre M. Sevran, juste d'informer.
Rédigé par : Charles André | 12/12/2006 à 10:17
L' AABP s'est conduite de manière tout à fait excessive dans cette affaire surtout que je me suis laissé dire que son jugement n'était pas sans relation avec une bête jalousie !
Rédigé par : Sacha Guitry | 12/12/2006 à 11:32
Hier soir, j'ai dégusté un Pinot Noir du Chili. Histoire de vendanger une dernière fois sur cette histoire désolante.
Rédigé par : Cyrano | 13/12/2006 à 10:03
Ce n'est pas bien d'avoir fait ça en Suisse Cyrano, je croyais pourtant que nous les referions ensemble, les vendanges de la mort.
Rédigé par : Sacha Guitry | 13/12/2006 à 10:37
Merci de vos commentaires pertinents. Je vais songer à installer un module de tchat sur ce blog.
Rédigé par : Charles André | 13/12/2006 à 11:37
Tiens, un rédacteur Agoravox considère que Pascal Sevran a tort d'avoir raison.
Rédigé par : Charles André | 14/12/2006 à 16:19