You tube racheté 1,65 Mds $ à partir d'une idée toute conne, MAM et Villepin qui donnent une moitié de graine gaulliste à Sarko (ça le rend humain, cette faiblesse?), un essai nucléaire en pet de lapin, des bébés congelés méconnaissables...l'actualité est riche.
J'en ai marre de vivre dans une société où la compassion affichée tient lieu de morale. Une société raciste qui se drape de vertu. Une société où, comme par hasard, c'est un originaire de l'Ile Maurice qui est le premier joueur licencié dans l'histoire du foot pro (là, c'était juste pour caser un petit big up à Vikash Dhorasoo, malgré l'interdiction qui m'a été adressée de parler de foot).
J'en ai marre que la puissance publique nous dise ce que
nous avons le droit de penser et de dire. Qu’on confonde en permanence le public
et le privé, le pénal et le civil. Pour se donner bonne conscience et éviter
l’action concrète.
Non que je ne sois un relativiste acharné, bien au
contraire. Mais où en sommes-nous, aujourd’hui ? Des études sur la Shoah
peuvent mener en prison pour « contestation de crime contre
l’humanité ». Pareil pour l’esclavagisme. Et aujourd’hui, les députés viennent d'adopter le texte en faisant de même avec le génocide arménien. Demain on crée un délit
de « relativisation de l’asservissement de la femme dans les sociétés
ante-modernes » ?
C’est trop. Du soma pour tout le monde, endormez-vous,
l’Etat vous dit ce que vous avez le droit de penser, où votre doute peut se
porter et où il doit s'arrêter. A table, c'est servi!
Je vais essayer de préciser une pensée qui part dans tous
les sens. Ou plutôt formuler mes interrogations.
1) Quelle confiance montrons-nous dans l’intelligence humaine, dans la possibilité du progrès par la connaissance, en interdisant pénalement certains doutes ou, même, certaines pensées mauvaises ?
J’ai toujours pensé que les fascismes de tous poils se nourrissaient de l’interdiction de s’exprimer. Que la bonne conscience législative et médiatique qui interdisait à Le Pen et consorts de s’exprimer était du pain béni pour les discours complotistes. Elle n’a pas empêché son ascension, et le « on me bâillonne parce que je dis la vérité, mes bonnes gens » est une donnée fondamentale du discours lepéniste…voire du discours sarkozyste aujourd’hui : ce sont ces technocrates, ces intellos émasculés, ce « parti de l’étranger » qui vous empêchent, mon bon peuple, de dire tout haut ce que vous pensez tout bas.
On note d’ailleurs que dans les pays où la liberté d’expression est une « norme » suprême, comme aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les partis extrémistes sont quasi-absents.
[On me rétorquera que la liberté de parole n’a pas empêché
l’ascension d’Hitler. Sans me démontrer qu’en pénalisant les discours racistes
et antisémites d’Hitler (qui étaient d’ailleurs peu perceptibles au début de sa
carrière), on aurait mis fin à son pouvoir de séduction pour les masses et les
élites aigries.]
En pénalisant le discours et l’écrit, on crée une vérité
officielle. Flétrissement de la pensée, donc de l’être.
2) Qu’il s’agisse des génocides ou du colonialisme, pourquoi ne
pas favoriser (budgétairement et en termes de création de postes
universitaires) les recherches -contradictoires-, le débat, plutôt que se
contenter de faire une loi d’affichage ?
3) « Quand le droit bavarde, le citoyen lui prête une oreille distraite » (rapport public du Conseil d’Etat de 1991). Nous avons déjà trop de lois. Or, l’expression est sensée être, dans toute société libérale, le domaine où l’Etat est le moins interventionniste. Pourquoi diable, si l’on veut que le droit protège aussi les consciences et la mémoire, ne pas laisser l’appréhension des discours au civil? Le préjudice moral, ça existe. Une personne qui sentirait sa mémoire ou celle de ses ascendants blessée pourrait s’en prévaloir.
4) La censure pour éviter de mettre la main dans le cambouis ?
Pour ne pas avoir à aller chercher la nuance, les zones grises ?
5) Comme par hasard, cette loi arrive après le non au
référendum, en plein « débat » sur la Turquie dans l’UE, après
les caricatures et Redeker. Voudrait-on aujourd'hui perfidement insinuer que
ces musulmans sanguinaires, ces brutes qui ne reconnaissent même pas leurs
crimes, n’ont vraiment rien à faire chez nous?
Je crois, je veux croire, que l’Homme grandit par le débat.
Le discours compassionnel est infantilisant et porte souvent un racisme latent.
Comme lorsqu’on donne l’aumône à un indigent, on considère que les personnes
« protégées » ne pourront jamais sortir de leur servitude. Qu'ils ne
sont pas assez grands pour supporter le mépris ou défendre eux-mêmes leur
conscience et leur histoire. On s’achète une conscience à peu de frais.
Jusqu'ici, tout va bien ?
non, là ca commence à bien faire. Cette loi est insupportable à plusieurs titres. J'en vois au moins 3 qui me hérissent le poil.
A) Des députés décident de faire une loi pour faire l'Histoire, dire ce qui est génocide et ce qui ne l'est pas. C'est énervant. Je ne veux pas relativiser le drame arménien, mais le Timor oriental est pas mal non plus, il n'y a plus d'aborigènes en australie, ça me semble constitutif d'un génocide, non ?!
Bref, les lois pour se faire plqisir en chialant sur les mânes de Jaurès (qui ne sait plus où donner de la tête le pauvre) et accessoirement en pensant faire un coup électoral, c'est à pleurer de bétise.
B) circonstance aggravante, ils ont rajouté une sanction pénale à qui émet une opinion historique différente de la vérité officielle. Juste pour rigoler quand les mêmes andouilles de l'autre coté du banc on fait leur article de loi sur le "role positif de la colonisation" ils nous ont au moins épargné le ridicule d'ajouter que tous ceux qui ne s'enthousiasmeraient pas sur le fardeau de l'homme blanc seraient châtiés... On l'a échappé belle !
C) Il s'agit d'un pays étranger et d'une querelle dans laquelle on n'a pas grand chose à faire. Quelle arrogance, quel mépris!!!!
même moi qui suis un peu grec par un ami de mon père qui fréquentait beaucoup la maison, je suis scandalisé en me mettant à la place des turcs. Imaginons juste pour rigoler que les Américains punissent de 18 mois de prison quiconque n'est pas d'accord pour dire que la France est un sale pays d'assassins à cause de Vichy !
Z'ont de la chance que je sois pas turcs parce que je ferais voter vite fait une loi reconnaissant comme vérité officielle le crétinisme des parlementaires français. Et j'empalle tous ceux qui hésitent même une seconde. Vivement que je sois au pouvoir en turquie et que douste fasse un voyage officiel, je saurai lui prouver que même la situation la mieux assise ne résiste pas au pal !
Rédigé par : Sacha Guitry | 12/10/2006 à 18:04
Ce Charles André me parait très bien. Il ira loin.
Et ce billet est excellent, par ailleurs
Rédigé par : Jean Edouard de la Ketrie de la Roche sur Yon | 12/10/2006 à 22:30
Mon propos ne sera pas de discuter du bien-fondé de la proposition de loi ni de celui des arguments qu'on lui oppose, mais de m'interroger sur le rôle du Parlement dans ce type d'affaire. En effet, ce n'est pas la première fois que le Parlement se trouve accusé de vouloir écrire l'histoire.
En effet, à l'occasion du vote d'une loi reconnaissant "la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XV° siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes" proposée par Christine Taubira (et votée depuis), Jean-Pierre Schosteck, rapporteur de la loi au Sénat, qui recommandait de voter le texte, s'était autorisé la remarque suivante :
"Votre rapporteur souhaite cependant renouveler son souhait qu'une réflexion soit entreprise sur les moyens de permettre au Parlement de s'exprimer solennellement sur certains sujets importants sans recourir à la loi, qui doit conserver son caractère normatif. Il constate en effet que les propositions de loi prenant la forme de déclarations solennelles tendent à se multiplier et estime pour sa part que la loi devrait conserver sa fonction normative."
Il semble bien que personne n'a donné suite, alors que cela nous aurait sans doute évité de connaître un nouveau débat des plus houleux aux calamiteuses conséquences. Visiblement, l'affaire Pétré-Grenouilleau n'a servi de leçon à personne.
Rédigé par : Max Weber | 13/10/2006 à 00:06
Tu as raison de rappeler la proposition de Schosteck. Si les députés veulent absolument clamer des valeurs et se draper de vertu, le Parlement pourrait, en effet, voter des résolutions à simple valeur déclarative. Comme cela existe déjà à propos du droit communautaire.
Mais le problème de la course à l'échalotte mémorielle demeurerait.
Pour éviter la partialité et l'Histoire officielle, je serais d'une manière gérérale plutôt favorable à ce que l'on crée des chaires et postes de prof d'histoire des génocides (ou, plus largement, des minorités en général).
Rédigé par : Charles André | 13/10/2006 à 09:45
et les indiens d'amérique ?
et va-t-on imposer au pays qui ont autrefois constitué l'Empire romain de reconnaitre le martyr des protochrétiens ?
etc. etc.
...
..
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Rédigé par : fred | 13/10/2006 à 15:21
Je me suis réveillé avec la l'intime conviction que la France avait annexée l'Arménie. On me dit que non. On n'a pas du tout de frontières avec ce pays me dit on !
Oui, mais c'est pareil pour les DOM TOM. On n'a pas de frontières, avec mais on légifère pour eux pour les protéger.
Mais alors pourquoi dans ce cas pourquoi n'annexe t'on pas tout simplement la Turquie ?
La Turquie ne fais pas partie de l'Europe me dit on.
Je reste dubitatif... L'Arménie c'est dans la France et la Turquie c'est pas dans l'Europe ?
Tout ça reste confus, dificile de me faire changer d'avis... Pour moi l'Arménie c'est un pays indépendant... et les Ile scanaries c'est en Afrique.
Rédigé par : Farid Taha | 13/10/2006 à 19:32
Tiens quel beau lapsus.. ce sont les "Iles Canaries" et non pas "iles Scanaries" qui laisse planer le doute d'hypothétiques iles Scandinaves qui elles sont en Europe sans aucun doute... A moins qu'on les annexe aussi !
Rédigé par : Farid Taha | 13/10/2006 à 19:36
Je vais faire un commentaire tordu si vous le permettez... Si tant est que Orhan Pamuk a été accusé dans son pays de donner une image troublante (et bienveillante) des islamistes dans son dernier ouvrage Neige, ne peut-on pas dire que le jury de Stockholm... euh comment dire soutient aussi les islamistes qui imposent le voile à leurs femmes et leurs filles ??
Héhé... la littérature nous sauvera de la crétinerie... peut-être ?
Rédigé par : ada | 14/10/2006 à 08:56
Les USA et l'UK ont des parties extrémistes! plus que ds les autres, mais au lieu d'ètre ss terrain ils ont pignon sur rue. Seuls les actes sont réprimés pas la parole (ki n'incite pas au meurtre ou à la diffamation).
Rédigé par : cloclo | 14/02/2007 à 09:37