Nous sommes à la mi-octobre. Désormais, et jusqu'au 31 décembre, toutes les dépenses publiques sont financées par l'emprunt. Regardez un peu ça. Flippant, non?
La question de la dette publique est très largement passée sous silence par la classe politique, en particulier par les candidats aux présidentielles. Ses implications pratiques ne sont que rarement évoquées, jamais popularisées. Trop compliqué, laissons la dette aux technos...
Pourtant, il y a un an, la commission Pébereau - à laquelle Christian Blanc participa - remettait son rapport au Ministre des finances. Composée de personnalités de toutes tendances (politiques, fonctionnaires, économistes et journalistes), elle alertait les Français sur la gravité de la situation de nos finances publiques. Le rapport expliquait comment la France en était arrivée là et donnait des pistes concrètes pour en sortir.
Le montant de la dette publique représente actuellement plus de 3 ans de l’ensemble des impôts et plus de 25 ans d’impôts sur le revenu ! Au rythme de 5 Mds €/an (montant des remboursement évoqué pour 2006), sans emprunt supplémentaire et hors intérêts, il faudrait 400 ans à l’Etat pour apurer ses dettes…
Le paiement des intérêts de la dette est maintenant le deuxième poste
budgétaire de l'Etat. Cette situation ne cesse de
se dégrader avec les déficits permanents : chaque année, à partir de la mi-octobre, l’Etat emprunte pour régler ses dépenses de fonctionnement. Ainsi, la dette continue de gonfler.
Pour être encore plus concret : l'Etat
consacre 40 Mds€ à rembourser les seuls intérêts de la dette. Soit 5
Mds de + que les budgets de sécurité, justice, transport, ville et logement
cumulés !
Trop compliqué ?
En 1994, notre dette faisait de nous le 2ème pays le
moins endetté ( en % du PIB) dans l’Europe des 15. En 2005, nous étions passés
à la 11ème place.
Crédible, la France?
Cette situation, connue de longue date, est issue du choix de la facilité. Depuis 25 ans, les déficits successifs ne servent qu’à financer les dépenses courantes de l’Etat ainsi qu’à reporter nos dépenses de santé sur les générations futures. Nous ne nous sommes pas endettés pour investir ou favoriser la croissance, l’effort pour la recherche et l’enseignement supérieur a stagné.
Deux sources de gaspillage ont été mises en évidence par le rapport Pébereau :
- faute de mobilité interne, les investissements informatiques n’ont pas été utilisés pour rationnaliser l'organisation de la fonction publique ;
- le nombre élevé d’échelons administratifs, de commissions et d’agences de toutes sortes complique à l’extrême le travail des fonctionnaires concernés et génère d’importants surcoûts.
La situation va empirer si rien n’est fait. Les taux d’intérêt, historiquement très bas, augmentent et vont encore grimper, accroissant ainsi le coût de nos emprunts. Les dépenses de santé et de retraite augmentent mécaniquement du fait du vieillissement de la population.
Il est encore possible d’agir, à condition de le faire vite et fort. D’autres pays ont su le faire sans sacrifier leur protection sociale : entre 94 et 98, la Suède et la Finlande ont diminué de 10% le poids des dépenses publiques dans le PIB.
C'est pourquoi Energies2007 propose d’agir sur 3 leviers pour débloquer la situation de notre pays:
- Renouer avec la croissance économique - clé du plein emploi et du financement de nos solidarités - par une politique d’innovation basée sur la coopération entre universités et entreprises via les clusters (dénommés à tort pôles de compétitivité) ;
- Renouveler la classe politique, coupée de la société et qui n’a pas joué son rôle de contrôle des dépenses, en supprimant le cumul des mandats.
- Libérer les Français de la tutelle d’un Etat hypercentralisateur ; l'Etat stratège (concept forgé par Christian Blanc dans un rapport du Commissariat général du plan de 93) doit devenir une réalité, l’organisation territoriale doit être simplifée et les règles de gestion des fonctionnaires rénovées.
Ne nous laissons pas faire par une classe politique qui crée l'immobilisme et justifie, ainsi, son impuissance. Retroussons-nous les manches, faisons entendre notre voix, approprions-nous le débat. Ne laissons pas les mensonges ou la cosmétique avoir leur place dans cette campagne.
Alors le 18 octobre, faisons-nous entendre ! Montrons que la vérité peut être entendue et que le sursaut est possible :
EDIT : L'évènement est passé et fut un grand succès. Etonnant de voir tant de gens, de tous âges et de toutes classes sociales, être aussi intéressées par cette question. La forme de l'avis d'imposition (dispo sur www.dette-gouv.fr) ne doit pas y être étrangère : il permet de comprendre que la dette, c'est notre affaire à tous.
Pour avoir une impression vivante : http://touvabien.typepad.com/touvabien/2006/10/bonjour_cest_po.html
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