Je viens de me joindre à un groupe appelant, sur facebook, à manifester contre les blocages des syndicats. Pas parce que je trouve dégueulasse qu'on bloque les syndicats dans leur liberté d'empêcher d'aller et venir, hein. Mais parce que si le gouvernement échoue à réformer des régimes fondés sur des considérations aujourd'hui totalement obsolètes, notre modèle social continuera à ne pas profiter à ceux qui en ont aujourd'hui le plus besoin. La manipulation des étudiants dans la lutte contre la loi sur l'autonomie des Universités (qui ne va pourtant pas bien loin...) est une autre des raisons pour lesquelles je me suis décidé à sortir (un peu) de ma léthargie politique.
Le fait est que que les
régimes spéciaux (comme le statut général de la fonction publique...) est un des éléments-clés d'un modèle qu'il faut aujourd'hui complètement
remettre à plat pour l'adapter au monde d'aujourd'hui. Tout doit être repris.
J'ai néanmoins du mal à me joindre à ceux qui dénoncent les agents publics comme des "privilégiés" ou des nantis...
Tout d'abord, il est évidemment compréhensible que les syndicats défendent des agents pour lesquels le statut fut évidemment une condition déterminante de leur consentement à intégrer la RATP, la SNCF etc. Ainsi, comme le suggèrent Delpla et Wyplosz, il aurait fallu payer ou à tout le moins négocier quelquechose pour que la réforme soit plus acceptable par les intéressés...
La manière avec laquelle le gouvernement s'y est pris fut également quelque peu provocatrice : Sarko a été confortablement élu, les sondages montrent que les Français sont derrière lui alors il n'y a rien à négocier... Résultat, on rouvre les négo la veille d'une grêve monstre... Remember le CPE, this is not a method!
Mais surtout, la pilule est bien dure à avaler tant au niveau éthique que pragmatique : comment faire passer les syndicats et agents publics pour des privilégiés qui profitent du système quand on ne touche pas au régime de retraite des élus, au cumul des mandats (et des rémunérations...) ou aux golden parachutes? Sans entrer dans la polémique, comment imaginer que cette réforme puisse passer dans le contexte actuel de difficultés du pouvoir d'achat et alors qu'on voit le Président de la République se faire péter 20 000 € d'argent de poche, si on ne s'attaque pas aux abus de ceux qui vivent bien et profitent au maximum du système ?
D'ailleurs, à ce sujet, je signale à ceux qui n'auraient pas remarqué un grave biais dans l'enquête que L'Express a consacré la semaine dernière aux émoluments du Président : un encadré indique que son salaire se situe dans la moyenne européenne...mais alors que le salaire de Sarko (19 331€ / mois) est indiqué en net, celui de Bush (23 000), Merkel (23 000), Brown (22 500) ou Prodi (16 300) l'est en brut... :
Bref passons, ce n'est pas vraiment l'essentiel...
Sarko bénéficie d'une forte légitimité. Qui ne lui permet pas n'importe quoi s'il veut vraiment réussir à débloquer le pays (hélas, l'absence totale d'alternative le prive de l'émulation dont il aurait bien besoin, surtout lui, ce compétiteur hors normes...). Je me considère de droite parce que je pense que l'exemple doit venir d'en haut. Parce que si on demande aux Français de se serrer la ceinture, on ne peut pas ne rien demander aux forts. Ou bien on va ouvertement au clash. Les discours populistes qu'on entend à droite à gauche (et surtout à droite...mais aussi à "gauche") me débectent.
Si on avait commencé par agir sur la France d'en haut, celles d'en bas et celle du milieu aurait évidemment bien plus facilement accepter de bouger. Il n'y a qu'à voir les concessions que même la CGT s'apprête à faire sur le droit du travail.
Décidemment, il m'est aujourd'hui bien difficile de m'exciter sur la situation politique actuelle...
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